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= ANIMA BLASTER

by Victor Jorge

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1.
Érotomane alcoolique, ANIMA BLASTER ne jure que par la défonce et le cul. Arno doublé d’un Truffaut. Sur l’Art ? Il ne jure de rien, d’ailleurs c’est pour ça qu’il le pratique. Baignant depuis l’enfance dans la dyschromatopsie, il balance entre la deutéranopie et la protanopie, mais attend de passer un jour les tests d’Ishihara pour faire la part des choses. Son daltonisme présente au moins l’avantage d’apporter un côté patchwork à son horrible style vestimentaire. Chez ANIMA BLASTER, le mauvais goût est de rigueur pour tout ce qui touche à LA mode, l’idée étant de devenir un sac qui jure de partout… et sur rien. Nulle expression ne fait plus marrer ANIMA BLASTER que la sentence débile : hygiène de vie. Il ne peut s’empêcher, au reste, de pourfendre son premier mot par le milieu, certain qu’on perd moins son temps à méditer sur nos « hyènes de vies » qu’à courir comme un benêt sur un tapis mécanique au rythme d’une soupe indigeste, dans l’une de ces salles qui proposent de se sculpter le corps en compagnie de joggings odorants. Le peu d’estime dans lequel ANIMA BLASTER tient la gym-tonic n’a d’égal que son aversion pour le gin-tonic. Cependant, la solitude est parfois si insupportable et le besoin de se vider si fort, qu’il n’a d’autre choix que d’aller zouker comme un naze à la Chapelle des Lombards sur les tubes du moment, entre deux rangées de blacks, eux-aussi au taquet de nanas. ANIMA BLASTER préfère trinquer à l’irrépressible appel du Dance-floor qu’à l’hygiène de vie des vivants soucieux. L’hygiène tout court non plus ce n’est pas son truc, lui qui chie du sang et se gratte le cul. En matière de perlouzes, il est persuadé qu’Evguenie Sokolov est LA référence. Il aimerait tant lui ressembler et, comme lui, mettre à profit ses vents. Seulement, la vie, dans sa grande injustice, a préféré le priver d’un anus digne de ce nom, d’un trou soufflant au point d’indisposer les je-m’en-foutistes du Père-Lachaise. C’est pourquoi il se cure souvent le nez avec violence, comme pour combler un manque. ANIMA BLASTER, en effet, ne s’embarrasse pas et ratisse ses parois nasales au vu et au su de tous. Il faut voir le plaisir évident que lui procure l’arrachage de pans ensanglantés aux dimensions de l’ongle au travail. Après l’inspection, il fourre tranquillement son gluant dans un mouchoir en tissu, ou dans sa poche, c’est selon. Le besoin de se fouiller le prend subitement et n’importe où : aux Marcheurs par exemple, quand il s’installe en bout de zinc et ouvre un Charlie pour considérer le faciès de transsexuel de Carla la pute. En ce qui concerne les expectorations, ANIMA BLASTER est passé maître dans l’art de créer des trapèzes éphémères. Deux crachats mesurés, et aussitôt il coiffe la première caisse passant à portée de salive d’un de ses fameux quadrilatères. ANIMA BLASTER est pour l’exploitation jusqu’à plus soif des ressources pétrolières. Parce que c’est comme ça ! Tout moteur qui ne roule pas à l’énergie verte se trouve être son ami et toute raffinerie sa Comté. Avant de sortir dans les lieux susceptibles d’accueillir de la pelouse à brouter, ANIMA BLASTER met du parfum pour faire diversion. Afin de se donner du cœur, il se repasse en boucle la chanson « Chick Habit » d’April March et fignole sans y croire ses entrechats dans la salle de bains. ANIMA BLASTER préfère avoir le gland irrité que l’avoir détendu. En cela, il rejoint le goût de la plupart des contemporains du même sexe. Aussi est-il possible, sur le coup des quatre heures, de le voir, rond comme une barrique, s’éclipser comme un ninja. C’est qu’il s’agit pour lui de rejoindre dans un cagibi suréquipé, une Marilyne quinquagénaire, aux boucles d’or comme la vraie et de l’y baiser laborieusement. Certaine nuits d’ivresse passent sur les bleus de son âme le baume efficace de l’oubli de soi, dont l’effet bienfaisant décline avec la lune. L’aube apporte ensuite son lot d’hématomes douloureux, sorte de pense-bêtes témoignant de chutes ignorées. On les répare et l’on repart dans les bras de la consolatrice qui suit, la nuit. Parfois, ANIMA BLASTER déambule jusqu’à la Pitié Salpêtrière et s’arrête devant l’entrée pour considérer l’hommage rendu à Philippe Pinel, « le bienfaiteur des aliénés ». ANIMA BLASTER affectionne Les Furieux, un bar de la rue de la roquette squatté par les bas résilles et les tee-shirts Napalm Death. Il apprécie aussi tout particulièrement l’usage détourné de la phrase : « On a les ballons pour les enfants ! » dans le fragment du commissaire. Quand il sort guilleret et que lui prend l’envie d’acheter une baguette, ANIMA BLASTER attrape son Maldoror, au cas où. Si, en revanche, il est d’humeur chape de plomb, il embarque un Cioran, De l’inconvénient… de préférence. De manière générale, la poche gauche de son duffle-coat est plutôt squattée par les sceptiques. Quant-à la droite, elle est comme la droite : décomplexée, SMS et thunasses. Passer sa mémoire au peigne fin ne lui prend pas plus d’une minute tant il vit dans l’instant, et davantage encore dans celui qui le suit. Il n’enregistre rien d’autre que la fugacité de sa marche. La plupart du temps, ANIMA BLASTER se déploie dans un futur immédiat qui ne vient pas. C’est pourquoi ce futur là ressemble à un présent sur la brèche. Curieusement, ANIMA BLASTER n’est jamais autant présent au monde que lorsqu’il rêve. Or, on sait qu’Heidegger ne distinguait pas de personnes plus « au monde » que les poètes. Si l’on fait de la remarque d’Heidegger notre prémisse majeure et de notre première proposition notre prémisse mineure, on obtient : ANIMA BLASTER est un poète quand il rêve, entendu qu’il fait partie des personnes les plus « au monde » quand il rêve. Chaque rêveur est un peu le timonier de son propre songe et ANIMA BLASTER ne fait pas exception en choisissant à dessein ses ornières oniriques. Mais une fois qu’il s’y trouve engagé, s’en extraire est une autre affaire. En cela, le rêve fonctionne à peu près comme le réel : comme un champ de possibles interconnectés où le vent emporte quelques miettes de liberté. En rêve, ANIMA BLASTER n’achève jamais une action plaisante. Alors de l’acte érotique n’en parlons pas, car c’est à peine s’il atteint le stade de l’érection. Au reste, la sylphide s’évanouit toujours quand il s’apprête à déboutonner sa braguette. Les conclusions malheureuses étant devenues la règle, il s’efforce désormais de s’exciter en anticipant la déception. L’expérience répétée de l’orgasme interdit durant le rêve est à l’origine d’un choix décisif dans la réalité : ANIMA BLASTER veut devenir le romancier (de gare) des éjaculations éconduites. Il sait, par ailleurs, qu’il lui faudra énormément travailler et déjà s’emploie à étoffer son champ lexical du vice. ANIMA BLASTER n’a qu’une expérience dérisoire de la déviance, mais il est résolu à l’accroître. Il sait que dans la boue, dans la dèche, dans les coups tordus de la lie des villes se trouvent la plus puissante des inspiration et les plus beaux gisements d’idées. Dans la merde fleurit du neuf, c’est connu. Rien ici qui le mène hors des sentiers battus, notamment des sentiers foulés par celui qui se faisait payer en bocks et en filles. Aussi, en s’encrapulant, ANIMA BLASTER emboîte le pas cadencé, aérien et infini de l’homme aux semelles de vent. Sincère, il marche les entrailles à l’air et considère que tout interlocuteur, imbécile ou pas, a le droit de les palper, d’en vérifier la consistance. Souvent, à l’issue de l’examen des viscères, l’anonyme grimace comme un inspecteur sanitaire qui flaire le sushi douteux. Autodestructeur classique, ANIMA BLASTER carbure au café, à la clope et aux hamburgers bon marché –junk-food refroidissant à la vitesse de la fonte des Mars glacés en plein cagnard – Le réchauffement putain ! Le réchauffement !!! Dans son dictionnaire, le verbe déglutir renvoie à l’action qui consiste à faire passer les hamburgers et l’alcool de la bouche à l’estomac par le canal de l’œsophage. C’est dire un peu l’attention qu’il porte aux discours prônant une alimentation saine et variée. L’animal carbure donc à la dépendance et, surtout, cabote de mois en mois, à l’instar des trentenaires plus ou moins fauchés qui n’ont pas vraiment de business plan. ANIMA BLASTER est un de ces chasseurs d’images dont le social a besoin. Il écrit sous influence, et notamment sous l’empire des visions que lui procure la consommation exagérée de bières à l’acier. Il sait qu’il est des phrases qui tombent sans prévenir au coin du carrefour. Des fulgurances ténues qu’il consigne comme on dépeuple un cimetière : « Les culs se cajolent l’ego en s’auscultant dans les vitrines des boutiques » ; « Si tu te sais fou, fait toi artiste, et on te ménagera des espaces » ; « Un poème, mille réceptions ! » ; « Le JE ? C’est un gigantesque point d’interrogation ! » ; « Pour le dire de façon lapidaire : la blessure rend le reste supportable » ; « Un chagrin d’amour ça fait plus que chagriner ». ANIMA BLASTER s’étonne souvent de la facilité équivoque avec laquelle on passe de la littérature à son carré. Il a compris depuis peu que ce phénomène se situait au niveau de son troisième Moi poétique. Le premier correspond aux questions « qui suis-je ? » et « comment était-ce avant ? ». Le second est par essence créateur de poésie ; il évolue avec elle, la pratique poétique le transformant. Le dernier, enfin, est une réflexion sur le Moi lui-même, c’est à dire sur la manière qu’il a d’actualiser la réalité même. Il est le carré de la littérature, le Moi-continent. Quelque part, un normalien explique que la modernité lyrique se rapporte à la fragmentation du Moi, comme l’illustrent les premières pages d’Une saison en enfer. ANIMA BLASTER est dans la modernité lyrique car il se tronçonne au quotidien. Par exemple, il lui arrive d’affirmer puis de défendre le contraire de ce qu’il pense. Il se dit alors tout naturellement : « pardonnez mon esprit de contradiction, mais c’est l’autre qui parle », et aussitôt de s’étonner de la spontanéité de sa pensée. Les exercices de mises en abîme d’ANIMA BLASTER aboutissent le plus souvent sur un constat du type : « Vite ! Retenir !… Mais retenir quoi exactement ? – Je sais pas. Mais en tout cas il faudra, ça oui il faudra… ». C’est dire s’il en sort avancé. Tout au plus la nuit lui permet-elle d’écrire de l’opaque avec des bouts [23 heures 23 : une bonne heure pour mettre les bouts !] Quoi qu’il en soit, ANIMA BLASTER est fâché avec les contraires. Pas un jour ne passe sans qu’il ne s’engueule avec eux. Du coup, il se disperse. ANIMA BLASTER se croit profondément humain car il aime rembarrer les mendiants. Il se satisfait de cette action dans le sens ou, primo, y’a plus looser que lui, deuzio, faut bien que le type se fasse à la mentalité des gagnants s’il veut sortir du trou. Ajoutons qu’il ne croit pas être cynique avec ce genre de raisonnements tordus. À la façon d’un Coppé, il habite tellement son rôle qu’il le devient. Affres de la Persona ! Cadeau du copain-diktat ! Il faut poursuivre les réformes, maintenir le cap des réformes, respecter le calendrier des réformes, baiser le cul des réformes. Ce sont de bonnes réformes ! Et il s’agit de réformes dont la France a besoin, dont elle ne peut faire l’économie ! Il faut que vous et MA gueule sauvions les réformes !!! ANIMA BLASTER kiffe les chinois / louches / en surpoids / boule à zaid’ / loutch’ à la Néo / survet’ et fut’ class / qui prennent le soleil en famille aux premiers beaux jours du printemps. En revanche, il exècre les soixante-huitards et leur pensée ramollie par l’indifférence cool. Qu’un seul d’entre eux déboule dans la discussion tout enivré de son dogme esthétique, de son art trivial, de sa poésie fadasse faîte par tous et, aussitôt, la réplique-devise tombe, sèche et sans appel : «  C’est pas parce que c’est sans prétention qu’il faut que ce soit de la merde !!! ». ANIMA BLASTER ne croit ni en un dieu unique, ni en plusieurs. Comme la plupart des gens, il ne voit pas l’intérêt de commémorer un événement du passé plutôt qu’un autre ; il ne croit pas que les historiens soient des fusibles qui sautent avant le génocide. Il croît surtout que les philosophes, qui disent qu’Auschwitz a foutu en l’air toute la pensée occidentale, sont des cons qui ne savent pas de quoi ils parlent. Il est un autre fait à propos duquel ANIMA BLASTER prend le contre-pied des penseurs à la mode : la fictionnalisation du réel. Selon lui, elle n’a rien de dangereux et ce mouvement puissant, qui distingue en partie la modernité des autres temps de l’histoire, représenterait même une voie de sortie de la matrice. ANIMA BLASTER attend avec impatience et sans faire de provocation la généralisation d’un modèle politique calqué sur le fonctionnement de Disney-Land. Regarder NRJ Télé le conforte dans l’idée que la connerie s’institue progressivement en un totalitarisme singulier. ANIMA BLASTER dort par saccades et, quand il ne dort pas, sa pensée court sur les murs en esquivant les aspérités et les tâches. Sa passion pour le billard participe de son envie de frapper la tête des gens avec une canne géante. Dans le même registre, le port d’une arme est pour lui la marque des esprits les plus inconscients car il ne voit pas comment, en possession d’une dague qui ne demande qu’à se rendre utile, il pourrait éviter de trancher la jugulaire des petits monstres trop bruyants. C’est pourquoi ANIMA BLASTER abhorre les tartuffes qui disent sécuriser les civils en les armant. ANIMA BLASTER chante le Rust in Peace et s’incline devant le « Qu’il repose en révolte » car : « Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis sera sa mémoire ». ANIMA BLASTER brûle d’un désir immortel que même la plus amoureuse des étreintes n’apaise qu’à moitié. ANIMA BLASTER ne parle jamais de lui à la troisième personne. Il ment, c’est tout. Paris 2008/04/30

about

= ANIMA BLASTER" / single / Victor Jorge
First release : 2008/05/01 [H.A.K. Lo-Fi record]
SKR release (reedition) : 2022/02/25
Somewhere in Kamtchatka records N°25


Tracklist :

01_ = Anima Blaster 17:10

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credits

released February 25, 2022

Written & performed by Victor Jorge
Recorded & mixed by Anton Mobin
at Maïzing studio [Paris]
guest star / Der Kommissar
Artwork by Victor Jorge

SKR N°25
2022/02/25

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